Cette soirée constite en une dégustation de verticale du Château Sigalas Rabaud - Sauternes Premier Cru Classé
Histoire
Au 17ème siècle, les magistrats du parlement de Bordeaux découvrent le potentiel des grands terroirs de la Rive Gauche de la Garonne. Le conseiller Rabaud crée alors un vignoble de 60 Ha au Sud du Ciron, célèbre affluent de la Garonne.
En 1832, le Guide Jullien (guide de référence de l’époque) classe la qualité de la production de Rabaud au niveau de celle d’Yquem et de Rayne Vigneau. Puis, lors du classement de 1855, en même temps que les châteaux Latour, Haut Brion…, Rabaud est élevé au rang de 1er cru.
Pierre Gaston de Sigalas
En 1903, il se sépare du Château Rabaud construit par Victor Louis et de 45 Ha. De sa propriété, il conserve la pente sud encerclant la ferme du 17eme siècle et surnomme cette parcelle de 14 Ha, d’une grande homogénéité le « Bijou de Sigalas ». Il accole à Rabaud le nom de sa famille Sigalas donnant sa nouvelle identité à ce cru : Sigalas Rabaud.
Marie-Antoinette de Sigalas
Petite fille de Pierre-Gaston, Marie-Antoinette de Sigalas et son époux le Marquis de Lambert des Granges reprennent ensemble le “bijou de Sigalas” en 1951. Ils redonnent vie au château en reconstruisant un cuvier et un chai qu’ils font décorer de manière originale et recréent la marque disparue depuis 20 ans. Sigalas retrouve alors progressivement le rang que mérite ce terroir exceptionnel.
Gérard, Marquis de Lambert des Granges
En 1984, les enfants de Marie-Antoinette dont l’ainé, Gérard, Marquis de Lambert des Granges reprennent la tête de la propriété. Une association technique avec l’équipe du Château Lafaurie Peyraguey, premier cru voisin, permet à Sigalas Rabaud de moderniser son exploitation. Cette association durera quinze ans et contribuera à pérenniser la renommée du château et son statut de Premier Cru Classé. En 1989 le Château Lafaurie Peyraguey achète une partie des vignes du Ch S-R pour consolider sa position en Sauternes
Laure de Lambert Compeyrot
Bagage scientifique puis faculté d’oenologie de Bordeaux, Laure de Lambert Compeyrot, depuis 2006 est directrice générale de la propriété incarnant la sixième génération à Sigalas Rabaud depuis 1863. Elle revient à des procédés de culture supprimant toute utilisation d’herbicides, Sigalas obtient ainsi en 2016 la certification « Haute Valeur Environnementale ».
Contexte de dégustation
Bon c’est bien joli tout ça, mais du sémillon à 90% et le sauvignon blanc à 10% sur un sol sablo-argilo-graveleux, une vendange manuelle à 5 tries, une palette aromatique composée d’abricot, de pêche, de fruits exotiques, de miel et d’épices. Puissant et aérien, la finale est toute en fraîcheur…
À quoi bon une verticale pour avoir la même chose sept fois …
Je suis allé fouiner la pluviométrie, les mois de vendange de chaque année, … Pour comprendre la différence sur six années consécutives conservées dans des conditions identiques et une autre huit ans plus tard au sommet de l’association avec Lafaurie-Peyraguey
Mois de début des vendanges Sauternes 1er GCC [Septembre -Novembre] manuelles et en 5 tries jusqu’à Noel souvent.
Pluviométrie : moyenne annuelle sauternes 777 mm sur la période 1980-2000.
Faible production: 9 hectolitres par Ha sur la période 85-90.
LA questions à se poser selon moi: Quel-est l’avenir du Sauternes dans les années à venir ?
Le faible volume contre le fort coup de production avec un intérêt en baisse :
- «une bouteille d’un premier cru classé Sigalas Rabaud d’une des plus grandes années (1990) s’échange autour de 50 euros » : Idealwine article les vins de sauternes peuvent-ils disparaitre ?
- « S’il y a bien un vin au rapport qualité/prix imbattable aujourd’hui, c’est à Sauternes qu’on le trouve. Puisse cet avantage empoisonné sauver ce vin particulier qui participe grandement à la richesse des vins de Bordeaux. » : Alexandre de Lur Saluces
- « Nous sommes revenus aux prix obtenus il y a quinze ans. Nous allons vers un suicide collectif pour toute la filière viticole, pour l’appellation Sauternes et pour le négoce lui-même » : Château de Fargues
De plus le réchauffement climatique (pluviométrie 2022 483mm) pourrait supposer la disparition de la pourriture noble, voire même sa transformation en pourriture grise. Une variation qui pourrait tuer le sauternes et le noyer dans la masse des blancs secs !
« C’est comme si les premiers crus du Médoc étaient condamnés à se reconvertir dans la production de vins rosés » : Château de Fargues
Dégustation
1 - 1998
Vendange : Début octobre
Pluviométrie : 780mm
Note moyenne : 92/100
Classement millésime : grand millésime ++
Oeil : Jaune or
Nez : Miel, abricot, fruits exotiques, orange confite
Bouche : Attaque très sucrée, bouche avec touche d’orange confite et de biscuit Chamonix, manque de fraïcheur rend la bouche moins complexe
2 - 1990
Vendange : Fin Septembre
Pluviométrie : 660mm
Note moyenne : 93/100
Classement millésime : millésime du millénaire ++++++++
Oeil : Jaune orangé, urine du matin
Nez : Pêche blanche avec des note d’épices et mentholée
Bouche : Une belle tension, coté cire d’abeille. Une joli prix plaisir.
3 - 1989
Vendange : Début Octobre
Pluviométrie : 720mm
Note moyenne : 92/100
Classement millésime : millésime du millénaire ++++++++
Oeil : Jaune caramel
Nez : 1er nez discret. 2ème nez boisé, rhum, rose fannée
Bouche : Bouche tendue, un peu alcolleuse, plutôt un digestif. Magnifiquement déconcertant.
4 - 1988
Vendange : Fin septembre
Pluviométrie : 780mm
Note moyenne : 91/100
Classement millésime : millésime du siècle ++++++
Oeil : Jaune paille
Nez : 1er nez fumé, céréal, pain. 2ème nez frais, ananas roti
Bouche : Attaque acqueuse, la bouche est harmonieuse d’une vitalité étonnante. Un classique des années 2000 mais de 88.
5 - 1987
Vendange : Début octobre
Pluviométrie : 660mm
Note moyenne : non noté
Classement millésime : bon millésime ++++++
Oeil : Jaune paille foncé (presque caramel)
Nez : Nez pivoine, miel avec fraicheur, zeste orange amer
Bouche : Discret. Cointreau diluée
6 - 1986
Vendange : Fin septembre
Pluviométrie : 680mm
Note moyenne : 85/100
Classement millésime : millésime exceptionnel ++++++
Oeil : Jaune paille, léger caramel
Nez : Cacao, floral, amertume
Bouche : Tendue par l’amertume, touche cacaotée en milieu de bouche. Très belle longueur.
7 - 1985
Vendange : Début septembre
Pluviométrie : 840mm
Note moyenne : 84/100
Classement millésime : grand millésime ++
Oeil : Jaune paille Nez : Orange, légèrement mentholé, peu d’arôme Bouche : Bouche peu aromatique, un peu passé, sucre