On entend souvent que le Vin est une science. Ok. Alors jouons le jeu jusqu’au bout !
Lorsqu’il s’agit de choisir un vin, le prix est souvent un critère important à prendre en compte. Le PRIX d’une bouteille de vin peut varier considérablement, et il est naturel de se demander si un vin plus cher est nécessairement de meilleure qualité. Cependant, il est essentiel de comprendre que le prix d’un vin ne constitue pas à lui seul un indicateur infaillible de sa valeur ou de son goût. Le PRIX d’un vin est influencé par plusieurs facteurs tels que le domaine viticole, la région de production, le cépage utilisé, les techniques de vinification et même la réputation du domaine. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils seront automatiquement supérieurs en termes de plaisir.
Le choix d’un vin selon son prix dépend donc de vos préférences personnelles, de votre budget et de l’occasion pour laquelle vous souhaitez déguster le vin. Il existe de nombreux vins abordables et de qualité qui offrent une excellente expérience gustative. Il est également possible de trouver des vins plus chers qui peuvent être décevants.
Problématique
Qu’est-il possible de trouver comme bouteilles chez les professionnels du Vin selon le principe du rapport PRIX/PLAISIR ?
Méthodologie
Pour évincer le biais de connaissance, de réseau et de préférence, la méthode pour cette étude sera la suivante :
- L’échantillon qui se compose d’un restaurateur, un caviste, un membre de club œnologique/sommelier et un influenceur/caviste. Les vignerons ont été exclus de l’étude par manque de neutralité sur l’étude voulant toujours proposer leurs cuvées. L’échantillon secompose de 2 femmes et 3 hommes allant de 28 ans à plus, pour ne vexer personne.
- Le rapport PRIX vient de notre propre moyenne d’achat d’une année : 25€, demandant donc aux participants deux flacons ne dépassant pas 50€ au total. Il n’y a aucune contrainte de choix de couleur de vins, aucun cépage ou région exclus. Les participants ne savent pas quels autres vins ont été choisis par les autres participants.
- Aucune expérience, pression morale ou physique n’a été exercée sur les participants. De ce fait le Comité d’éthique n’a pas été sollicité pour la réalisation de cette étude.
Lucie Basset, Restaurateur
1 - Domaine les Milles Vignes. Languedoc Valérie Guerin (depuis 2000) Muscat Sec 2012 (25€ en primeur) 45€ 2022
Dixit Mme Guerin «meilleurs vins du monde» Un peu le melon mais bon c’est vrai que c’est bon ! Muscat peu entêtant mais typique
Oeil : jaune or
Nez : Poire, légèrement floral (fleur blanche) entêtant
Bouche : Lourdeur, bouche poivre blanc, note camphre. Vin à ne pas boire seul, accords nécessaires
Sur le fromage, c’est totalement dingue
2 - Prieuré saint-Christophe. Savoie. 2018 Frederic Giachino Mondeuse 25€ 35€ maintenant
Vin complexe et cépage ancien en biodynamie, vigneron passionné et adorable. Cuvée Encore mieux avec un peu d’âge quand on peut attendre
Oeil : Rubis
Nez : Pivoine, fruité rouges, vieux fut de gamay
Bouche : noyau de cerise, boisé pas agréable. À la fois très fin, et à la fois très tannique
Franck Naudot Caviste (Meilleur Caviste de France)
Franck a eu la gentillesse de nous transmettre les explications de ses choix
3 - Domaine Berthet-Bondet. Jura La poirière 2020 Chardonnay ouillé 23€``
_Originaire de la bourgogne, la porte d’entrée du jura pour les réfractaires de l’oxydatif (avant d’aimer) » un prix moindre pour un vin « moins maquillé par le bois de l’élevage »
Mon premier choix s’est porté sur un blanc en AOC Côtes du Jura Domaine Berthet-Bondet cuvée La Poirière 2020. Parce que avant tout, je ne veux pas renier mes origines Bourguignonnes. Mes premières émotions viticoles se sont faites autour du Chablis et donc du Chardonnay. Mon métier de Caviste que j’exerce depuis plus de 17 ans, m’a orienté, m’a obligé à rechercher ses émotions premières en essayant d’y mettre le tarif le moins cher possible. Et donc, depuis plusieurs années, j’ai recherché des pinots noirs, des chardonnays, ailleurs que dans ma Bourgogne familiale. Le Jura a été ainsi la première région où j’ai cherché des plans B, le Beaujolais est arrivé juste après. A titre personnel, à l’époque, je n’aimais pas vraiment les vins oxydatifs du Jura, un monde différent, difficile de s’y retrouver, où les codes viticoles me paraissaient incompréhensibles. Ma première approche fut donc les vins ouillés du Jura, et j’ai découvert des blancs incroyables, issus de Chardonnay qui jouaient clairement les codes du Bourgogne voisin mais avec beaucoup moins de « maquillage ». Il y avait de l’aérien, de la finesse, de la classe à dallas, un vignoble « vrai » dont les acteurs se retrouvent dans des conditions climatiques bien plus difficiles qu’en Bourgogne où il pleut 500 mm d’eau par an mais où les nuages se rechargent en humidité en traversant la Saône. Il pleut ainsi 3 fois plus dans le Jura qu’en Bourgogne. Pour autant, la proportion de vignerons bio dans le Jura est sans commune mesure bien supérieure à la Bourgogne. Voilà donc un pays, peuplé de réfractaire gaulois qui ne pense qu’à piocher et travailler sa vigne avec abnégation et passion. Un pays où l’on ne peut tricher. Berthet-Bondet est un domaine assez récent puisque leurs premières vendanges datent de 1985. Puis quelques années plus tard, les enfants impulsent une agriculture biologique et la conversion démarre en 2010. Ce domaine de 15 hectares se trouve au cœur du Jura, Château-Chalon. La cuvée Poirière tient son nom du lieu-dit « La Poirière » sur la commune de Lavigny à 5 kms au sud de Château-Chalon. Ce parcellaire en 100% chardonnay issu de vignes de 30 ans subit un élevage de 18 mois en fût de chêne 228 litres ouillé et bâtonné. J’aime dans cette bouteille, l’équilibre entre la tension apporté par un terroir froid, de calcaires et de marnes, cultivé en bio (qui apporte toujours plus de fraicheur qu’un conventionnel) et le gras, le volume apporté par le cépage qui a déjà tendance à « beurrer » et l’élevage conséquent de 18 mois en fût. Un vin sans maquillage même si on retrouve des notes boisées à la dégustation, mais qui viennent juste compléter la richesse aromatique du vin. En voilà donc un qui le vaut bien ! A boire à 12°C, maintenant et pendant 5 ans
Oeil : jaune doré au reflet or rose
Nez : premier-nez, caramel, Werther original
Bouche : oxydation, petite acidité charmante mais manque le fruit, noté de poire, finale saline
Manque quelques heures de Carafage
4 - Domaine La Baronne . Corbière Alaric 2017 25€
Mon deuxième choix s’est porté sur un rouge en AOC Corbières du château La Baronne cuvée Alaric 2017. Ce choix, je le motive d’abord pour son origine Languedocienne. Le Languedoc a depuis les années 1983-1984 attiré tout une ribambelle de néo-vignerons qui en font aujourd’hui la plus grande région viticole Française avec plus de 250 000 hectares de vignes dont 140 000 en AOC, ce qui en fait le terrain de jeu préféré des cavistes de France et de Navarre, pour le côté dénicheur, où les rapports qualité prix étaient, jusqu’ici, imbattable en France. Les années qui viennent, verront à coup sûr, une normalisation, une généralisation de hausse tarifaire qui permettra l’émergence de nouvelles régions concurrentes ( je mets un billet sur le Val de Loire). Donc oui le Languedoc a encore pour le moment d’excellents rapport qualité prix, mais il est urgent d’en profiter! Parmi les 32 AOC du Languedoc, il en est une, la plus grande par sa superficie, qui retient donc ici mon attention : l’AOC Corbières (Plus grande Appellation du Languedoc, 4ème plus grande de France). Divisés en 11 terroirs différents mais où il faut prendre le mot terroir non pas dans le sens diversité des sols mais par la diversité des microclimats, Boutenac est devenu depuis le 20 mai 2005 une appellation à part entière (AOC Corbières Boutenac), laissant donc, aujourd’hui à l’appellation Corbières, 10 terroirs qui sont autant de dénominations géographiques complémentaires. On retrouve par ordre alphabétique : Durban, Fontfroide, Lagrasse, Lésignan, Montagne d’Alaric, Quéribus, Saint-Victor, Serviès, Sigean et Terménès. Situé dans l’angle nord-ouest de l’appellation Corbières, la Montagne d’Alaric constitue le 1er des contreforts des Corbières, le vent appelé ici la tramontane ( vent du nord-ouest ) est donc constant, important, omniprésent et extrêmement important pour comprendre la spécificité des Corbières Montagne d’Alaric. En effet, même si le terroir porte le nom d’une montagne (Montagne d’Alaric 600m) ce n’est pas un terroir d’altitude pour autant, par contre, la géologie de la montagne apporte une autre spécificité. Les vignes sont souvent situées entre 100 et 200 mètres d’altitude, mais elles sont situées sur le versant nord de la montagne et donc en 1er ligne face à la tramontane et « cachées » du soleil par le versant septentrional. Domaine familial créé en 1890, le Château La Baronne a aujourd’hui 90 hectares de vignes et 20 hectares de bois et d’oliviers, toujours cultivés en bio, même s’ils n’en avaient pas le nom. Les vignes sont certifiées bio en 2007, en biodynamie en 2012 (Demeter). La cuvée que je vous propose est un assemblage syrah vieille de 25 ans (55%), de carignan vieux de 60 ans (30%) et de grenache vieux de 30 ans (15%) sur un terroir de graves sur sols argilo-calcaires et de marnes. Les vendanges sont manuelles, avec des tris aussi bien en vigne qu’au chais. Vinification en cuve ciment et inox, levures indigènes, 1 mois de macération douce, puis 12 mois d’élevage en barrique et repassage en cuve pour un élevage long. Je ne ferai pas de commentaires de dégustation puisque chacun se fera son propre jugement, mais ce que j’aime dans cette bouteille, c’est la finesse, l’élégance d’une bouteille qui finalement pourrait facilement se retrouver, à l’aveugle, bien plus au nord qu’il ne l’est en réalité. A boire carafer à 15°C maintenant et pendant 8 ans
Syrah 55%, Carignan 35%, Grenache 15%
Le Languedoc, l’AOC Corbière vaste et complexe, « parfait terrain de jeu du dénicheur de bon rapport prix / plaisir. »
Territoire atypique de la montagne Alaric. Facilement reconnaissable.
Ouvert de 24 heures
Oeil : Rouge
Nez : légère réduction, puis animal, cuir, jus de viande
Bouche : bouche légèrement acqueuse , très structurée, très agréable, très frais
Mélissa Blanc & Bruno Blanc (Sommelière & amateur d’un club oeno)
Domaine de Fleury Source 2021. Loire Thouars Chenin Vin Nature 25€
Un jeune domaine repris en 2016 après arrêt des précédents en 1962, 3ha (2 de chenin). Biodynamie complète. « Volonté de valoriser les femmes et le nature dans mes choix »
24 heures d’ouverture
Oeil : jaune or
Nez : végétal, tilleul, foin, florale
Bouche : sèche, gourmande, médical/verni, floral qui s’efface pour garder un bel équilibre, avec un joli toucher.
Domaine Les terres salées 2017 – la Clape Christophe barbier. Merlot 20€
« Vin improbable dans un marais salant. Inondé l’hiver pour éviter les remonté de sel. Christophe barbier est un emblème de la zone Clape / Corbière »
Oeil : rouge pourpre quelques reflets
Nez : cassis, avec un côté salin
Bouche : un merlot comme un Cahors. Équilibre sucré/ salé exceptionnel qui manque des tanins présents
Georges Dos Santos (Antic Wine) : Caviste influenceur
Domaine Bärtschi Manicle – Le Clos 2019 Manicle Savoie Pinot Noir 28 €
« Un ancien pro du rugby, une future star du vin ! Travaille pour Chapoutier (œnologue) et ancien vigneron de la romanée Conti » Cuvée le clos en pinot noir est accessible mais presque introuvable
Oeil : rouge pinot
Nez : tabac (cigar), « domaine des tours »
Bouche : cerise griotte confituré, deuxième bouche boisée.
Ken Forrester Old wine reserve 2018 Chenin 22€
Le chenin n’est pas bon qu’en France. « L’Afrique du sud propose le meilleur équilibre pour le chenin et Ken Forrester le meilleur travail sur celui-ci. »
Oeil : jaune reflet vert
Nez : citronné légèrement vanille
Bouche : grillé, citronné, amertume, floral, presque citron confit. Bel équilibre. Final salivante
Analyse
- Premier constat : LES RÉGIONS : on oublie les régions bordelaises et bourguignonnes… Le constat est clair, on peut chercher la ressemblance (Jura ouillé pour Bourgogne) pour atteindre la qualité mais pas le prix. Le Languedoc, la Savoie et le Jura : en plus clair la diversité et l’originalité ! Quoi de plus déroutant que de mettre un Savoie rouge sur la table. Un Jura non oxydatif. Mais comment ne pas se faire plaisir sur le Languedoc avec sa qualité bien supérieure à ses prix. Une mine d’or pour le rapport Prix-Plaisir.
- Deuxième constat : on retrouve aussi deux fois, ce qui est pour moi un des cépages les plus intéressants, le Chenin, et en sec ! Pourtant plus connus dans le monde du pétillant ou du moelleux. Mais pas de préférence pour un cépage en particulier. On note une grande diversité dans les choix de notre échantillon. Existe-t-il un biais de sélection des cépages du fait de vouloir faire dans l’originalité ? Le rapport Prix-Plaisir n’existe-t-il pas dans le bordelais ou la Bourgogne ? Je ne pense pas, mais la demande de participation à cette étude a-t-elle contrainte nos participants à la recherche de l’exclusivité ?
Le biais principal de l’étude est le PRIX : beaucoup dans leur choix se sont confrontés à la barrière du prix. En partant sur d’autres cuvées mais dépassant alors l’objectif de 50€ pour 2 bouteilles, certains ont changé 4 à 5 fois leur choix pour arriver à satisfaire la contrainte de l’étude.
L’autre biais inconscient est que le prix moyen est très proche des 25€ ne voulant tenter un 40€/10€. Aurions-nous gouté de meilleurs vins pour quelques euros de plus sans cette contrainte imposée et celle implicite qu’est le prix moyen ? Pour rester sur le sujet du prix, certaines de ces bouteilles sont maintenant introuvables à ce prix ou inversement moins cher sur certains sites. En allant recueillir divers avis, il m’a fallu prendre conseil auprès de spécialistes et cela se paie. Sur les bouteilles qui ont pris de la valeur, les millésimes plus anciens coutant moins cher au moment de l’achat ont permis de respecter la contrainte de l’étude.
Autre biais toujours lié au prix : le biais de moyen ! La moyenne d’achat de 25€ déjà plutôt élevée pour beaucoup de consommateurs. Il serait peut-être pertinent de reprendre le même procédé avec 30€ pour 2 bouteilles. Nous avons déjà tous dégustés des pépites à moins de 10€ voire 5€ parfois ! Biais inconscient : pour le choix des couleurs comme pour le répartition du prix des bouteilles en 50/50, les divers participants se sont tous uniformisés sur le choix d’un rouge et d’un blanc, alors qu’aucune contrainte n’a été imposée. Biais de sélection, il manque un vigneron, un journaliste du vin et encore d’autres acteurs liés au Vin. Soit par manque de neutralité soit par manque de réponse au projet.
Conclusion
- Fixez un budget : déterminez combien vous êtes prêt à dépenser pour une bouteille de vin. Cela vous aidera à restreindre vos options et à vous concentrer sur les vins qui correspondent à votre budget.
- Faites des recherches : renseignez-vous sur les régions et les cépages qui sont réputés pour offrir un bon rapport qualité-prix. Certains pays hors France proposent souvent des vins abordables et délicieux.
- Consultez les critiques et les recommandations : les guides, journaux spécialisés, les sites web et les applications dédiées au vin peuvent être une ressource précieuse pour trouver des vins bien notés et abordables. Les critiques de professionnels et les recommandations des amateurs de vin peuvent vous donner des indications sur les vins qui offrent un bon rapport Prix-Plaisir.
- Essayez des vins moins connus : les vins issus de petites exploitations ou de régions moins célèbres peuvent offrir un excellent rapport qualité-prix. Explorez des cépages ou des appellations moins connus.
- Trouvez des vieux millésimes : l’inflation et la spéculation peuvent vous empêcher de déguster certaines cuvées. Sur des marges non ajustées, il est possible de trouver encore des millésimes plus abordables que les cuvées actuellement en vente.
- Visitez les salons et les dégustations de vin : participez à des événements où vous pouvez déguster différents vins vous permettra d’explorer de nouvelles options et de comparer les saveurs et les prix. C’est également une occasion de discuter avec des experts du vin qui peuvent vous donner des recommandations personnalisées.
- Fiez-vous à votre propre palais : chaque personne a des préférences gustatives différentes, il est donc important d’écouter votre propre palais. N’hésitez pas à essayer différents vins et à tenir compte de vos goûts personnels pour trouver un vin qui vous procure du plaisir à un prix raisonnable.
- Lisez www.cluboeno.com ;-)
N’oubliez pas que le rapport PRIX-PLAISIR est subjectif et que ce qui importe le plus, c’est de trouver un vin qui correspond à vos préférences et à votre budget.